Mission Lebaudy-Griaule
Les méthodes et les thèmes d’étude
Travail d’équipe, photographies aériennes, fouilles archéologiques, enquêtes ethnographiques intensives et extensives, enregistrements sonores, recueil de vocabulaires, collecte d’objets, de manuscrits arabes, de plantes et d’animaux : toutes ces pratiques s’inscrivent dans la continuité des missions précédentes, mais quelques évolutions sont néanmoins perceptibles et annoncent des changements importants, en particulier la volonté d’élargir les recherches aux populations voisines des Dogon à des fins de comparaison. Il s’agit ici des Kouroumba, voisins orientaux des Dogon, mais lors des missions Griaule suivantes, après-guerre, cela concernera également les Bozo, les Bambara et les Peuls du Macina, à l’ouest et au sud-ouest du pays dogon. L’autre grande spécificité, évoquée en introduction, est la division de la mission en deux équipes autonomes qui ont chacune leur itinéraire, leur projet et leur chef. Cette particularité n’est pas due à un choix méthodologique de Griaule ; elle résulte simplement du financement intégral de la mission par Jean Lebaudy. Avec sa femme, cet industriel fortuné cherche avant tout à satisfaire sa passion pour la chasse coloniale, même s’il effectue marginalement quelques travaux géodésiques à des fins cartographiques, dans le prolongement de sa mission de 1933 « Alger-Cameroun ».
D’un bout à l’autre de la mission, quelques thèmes sont privilégiés, en particulier les jeux, la notion de personne, la musique, l’agriculture ou la pêche et les mythes de fondation. Au cours de ses tournées en pays dogon, Germaine Dieterlen recueille d’ailleurs de nombreux récits sur l’origine de différents groupes et villages de la région. Pour les collectes d’objets ethnographiques, les membres de la mission ciblent les jouets et, à la demande de Lebaudy, de beaux spécimens de masques, statuettes, portes, poulies et serrures sculptés, tous achetés en pays dogon ou kouroumba par Germaine Dieterlen ou dans une moindre mesure par Griaule. Une partie de ces collections est acheminée à Douala pour être envoyée en France par bateau.