Les collectes d’objets ethnographiques
Dans les années 1930, toutes les missions ethnographiques françaises à destination de l’Afrique sont de vastes entreprises de collectes d’objets à destination du Musée d’ethnographie du Trocadéro puis du musée de l’Homme. Pour les nouveaux ethnographes de métier, ces collectes massives et rigoureuses répondent à un triple objectif lié à la professionnalisation récente de leur discipline : expérimenter et valider sur le terrain les méthodes enseignées par l’Institut d’ethnologie, remplir les vitrines d’un musée laboratoire avec des objets bien documentés, et enfin archiver dans l’urgence les témoins matériels des cultures étudiées avant leur disparition annoncée. La mission Dakar-Djibouti va même plus loin : pour renseigner chaque pièce rapportée, elle inaugure en 1931 une fiche muséographique qui deviendra la norme au musée de l’Homme pendant plusieurs décennies. En revanche, les critères de sélection des objets vont évoluer avec le temps, avec des collecteurs privilégiant de plus en plus la beauté et l’ancienneté en dépit des instructions contraires de Marcel Mauss.
Ecrit par : Éric Jolly, CNRS, Institut des mondes africains (IMAF).