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à la naissance de l’ethnologie française

Les missions ethnographiques en Afrique subsaharienne (1928-1939)

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Les photographies des missions Griaule : des documents annexes ?

Les photographies des missions Griaule : des documents annexes ?

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Dans les années 1930, les membres des missions Griaule prennent de nombreuses photographies des activités technologiques, esthétiques et religieuses qu’ils observent. Leur objectif est d’archiver et de documenter par l’image la totalité d’une société, d’un rituel ou d’un procès de fabrication, dans un esprit similaire au recueil d’objets et de notes. Cela explique le nombre impressionnant de leurs prises de vue : environ 20 000 clichés pour les cinq premières missions Griaule. Si la photographie a valeur de preuve visuelle pour les ethnographes, cela n’empêche ni les mises en scène ni la quête de belles images. Faire poser les Africains dans telle ou telle position, saisir sur la pellicule une activité feinte ou reconstituer une cérémonie pour la photographier intégralement sont des pratiques courantes. Les membres de ces missions obtiennent ainsi des clichés rendant compte de détails significatifs ou témoignant, de leur point de vue, de la beauté « primitive » des rites et des hommes qu’ils étudient. En dépit de l’importance que leur accordent Marcel Griaule, Éric Lutten, Solange de Ganay et Jean-Paul Lebeuf, les photographies sont considérées néanmoins comme des « documents annexes » par rapport aux fiches d’enquête ou d’observation. Utilisées sous forme de tirage ou de plaque de projection, voire transformées en dessin, elles servent avant tout à illustrer les notes de terrain, les publications, les expositions ou les communications orales des ethnographes. Il reste à préciser que les réflexions suivantes ne portent que sur les prises de vue effectuées au sol puisque les photographies aériennes sont traitées dans un autre texte du portail.

Ecrit par : Éric Jolly, CNRS, Institut des mondes africains (IMAF).