Mission Sahara-Cameroun
Les résultats scientifiques et médiatiques
La mission a collecté 800 objets ethnographiques et trois tonnes de matériel archéologiques, soit près de 9 000 objets en terre cuite (jarres funéraires, poteries diverses, jouets, figurines…), en bronze (pendentifs, bracelets, bagues, tête de gazelle…) et en fer (couteaux, poinçons, harpons). Elle a également rapporté des crânes et des ossements, un herbier de 150 plantes, une collection de 150 insectes, quelques manuscrits arabes, deux vocabulaires complets (Fali de Kangou et de Toro), 60 vocabulaires d’une centaine de mots et 2 000 photographies, dont 500 vues aériennes.
6 000 fiches ethnographiques ont été rédigées ; elles ont servi à écrire une dizaine de notes ethnographiques sur les thèmes privilégiés par la mission : circoncision, jeux, rites funéraires, culte des ancêtres ou des jumeaux… Publiés principalement dans le Journal de la Société des africanistes ou le Bulletin du Muséum national d’histoire naturelle, ces textes ont tous été écrits par Lebeuf à l’exception d’un article de Chombart de Lauwe et d’une courte note de Griaule sur la circoncision sonray (note tirée d’un entretien tout aussi bref avec un jeune informateur de Gao, lors d’une étape de la traversée aérienne du Sahara).
Griaule n’a donc écrit aucun article ethnographique sur le Cameroun ou sur le Tchad à partir de cette mission. En revanche, il a présenté tardivement les résultats des fouilles de 1936-1937 dans une série de trois textes écrits en collaboration avec Lebeuf et publiés dans le Journal de la Société des africanistes entre 1948 et 1951 [1].
Les membres de la mission passent aussi par des médias grand public ou par des récits littéraires pour raconter leur voyage, évoquer des découvertes marquantes ou rendre compte de certaines « coutumes » du Nord-Cameroun. Le 14 février 1938, sur radio P.T.T., Lebeuf consacre sa conférence radiophonique aux masques et aux sacrifices des Fali, et en 1941 il publie un reportage sur les funérailles fali dans l’hebdomadaire L’illustration [2]. De son côté, Griaule puise dans ses notes personnelles pour livrer une version littéraire de ses recherches de terrain et de son périple aérien, d’abord dans La Revue de Paris de septembre-octobre 1937, puis dans son livre Les Saô légendaires, publié en 1943 chez Gallimard. En mars 1937, il annonce également la découverte archéologique d’une très belle tête de gazelle dans un quotidien du soir [3]. Enfin, les collections d’objets archéologiques et ethnographiques recueillis au Tchad et au Cameroun en 1936-1937 feront l’objet d’une exposition au Musée de l’Homme en octobre 1941 [4].