La division des tâches au sein d’une équipe pluridisciplinaire est une autre caractéristique des méthodes employées au cours de Dakar-Djibouti. Ce choix vise, là encore, à tout saisir avec rapidité et efficacité en associant différentes compétences, en couvrant plusieurs domaines de recherche, en croisant les observations et les points de vue, et en se partageant le travail ou en agissant de concert. De fait, au sein de l’équipe dirigée par Griaule, chacun a sa spécialité, ses tâches spécifiques et ses thèmes d’étude privilégiés.

  Le chef de mission organise le travail collectif, développe les photographies et étudie plus particulièrement les jeux et les masques. Michel Leiris, homme de lettres, se charge du secrétariat de la mission (courrier, rapports, agenda…), tient les registres d’objets ou de photographies et enquête prioritairement sur la circoncision, la possession et les sociétés d’initiation. Opérateur cinématographique et « responsable du personnel indigène », Éric Lutten centre ses enquêtes sur les techniques. Jean Mouchet, le premier linguiste, documente plusieurs langues vernaculaires et enregistre, transcrit et traduit de nombreux chants et contes. Le musicologue André Schaeffner s’occupe des manifestations musicales et chorégraphiques. Diplômée d’amharique, la linguiste Deborah Lifchitz collecte des manuscrits éthiopiens et travaille sur deux populations non chrétiennes. Le naturaliste Abel Faivre se charge de l’herbier, de la naturalisation des animaux et des plans de bâtiments. L’artiste peintre Gaston-Louis Roux enquête sur les techniques picturales des Éthiopiens et échange ses copies contre d’anciennes peintures. Enfin, Marcel Larget s’occupe essentiellement du matériel, de l’intendance et de l’infirmerie.

  À cette division des tâches s’ajoute une grande polyvalence pour combler l’absence de tel ou tel spécialiste : suivant les circonstances, Griaule, Lutten ou Leiris organisent des fouilles, prélèvent des ossements, établissent des fiches anthropométriques ou collectent des animaux et des plantes pour le Muséum national d’histoire naturelle.