Ethnozoologie
Spécimens zoologiques
La chasse des ethnologues et les demandes de capture scientifique que leur adresse le Muséum national d’histoire naturelle rencontrent sur le terrain les pratiques de chasse et de capture des populations locales. Les ethnologues s’intéressent alors à la « cueillette animale », suivant ainsi l’un des conseils formulés par Mauss à ses étudiants. Dans les Instructions sommaires pour les collecteurs d’objets ethnographiques publiées à l’occasion de la mission Dakar-Djibouti, Griaule et Leiris invitent ainsi à collecter ethnographiquement les « sous-produits du gibier : os, fourrures, peaux, boyaux »[7].
L’article que Griaule fait paraître en 1940 dans la revue Mammalia, « Quelques pièges indigènes africains pour petits mammifères », est révélateur de ces rencontres entre un intérêt personnel pour la chasse et un projet scientifique d’étude des techniques cynégétiques et des savoirs zoologiques locaux. Il est également représentatif du statut malgré tout périphérique de ces connaissances et de l’ethnozoologie naissante : Griaule en effet, comme plusieurs de ses collègues, se retrouvant empêché de partir sur le terrain durant la guerre, rassemble des données collectées à la marge lors de ses précédentes missions afin de multiplier les publications scientifiques (les pièges présentés dans l’article ont ainsi été observés et collectés à l’occasion de l’ensemble des missions Griaule d’avant-guerre).
La revue Mammalia, créée en 1936 par le zoologiste Edouard Bourdelle, professeur au Muséum, accueille ainsi un second article de Griaule et un autre de Solange de Ganay[8]. Paru en 1941 et intitulé « Observations sur les mœurs d’un lièvre et d’un écureuil palmiste », ce dernier a des prétentions clairement zoologiques, tout comme celui que Griaule consacre aux « tanières de crocodiles » dans le Journal de la Société des africanistes, la même année[9].