Ethnozoologie
Aux origines de l’ethnozoologie
Peu de temps avant de partir pour sa première mission en Éthiopie, Marcel Griaule a suivi les cours de Marcel Mauss et noté les nombreux conseils de son professeur dans un épais cahier, parmi lesquels : « Il faut faire de l’ethno-botanique et de l’ethno-zoologie. Les indigènes sont souvent plus forts que nous pour ces choses »[2]. Ce terme d’ethnozoologie est en réalité emprunté par Mauss aux anthropologues américains Junius Henderson et John Peabody Harrington, qui publient, en 1914, Ethnozoology of the Tewa Indians. Le neveu de Durkheim assure ainsi le transfert de la notion de l’anthropologie nord-américaine vers l’ethnologie française, mais Griaule est le premier élève à inventer des manières de faire de l’ethnozoologie sur le terrain. L’intérêt de Griaule et de ses coéquipiers pour la faune africaine et les savoirs zoologiques locaux n’est pas seulement scientifique : il conjugue en réalité un certain goût pour la chasse ou les animaux sauvages, des stéréotypes coloniaux, des injonctions institutionnelles et un objectif d’inventaire du milieu dans lequel vivent les populations étudiées.